« Aiat Fayez s’inscrit dans la lignée des écrivains européens de l’exil, de leur tragique destinée et d’une quête de soi par l’écriture » – L’Arche, 2018.
Depuis la nuit des temps, l’homme est en mouvement, il part, quitte son pays soit par sa propre volonté (désir de voyages, de découvertes, d’études…), soit par contraintes (guerres, persécutions, déportations, famines, extrême pauvreté…) : il va chercher un « ailleurs », tenter de vivre dans un pays autre que le sien avec tout ce que cela comporte de difficultés – difficultés liées à la langue, à l’éloignement des proches, à la solitude, à la nostalgie du pays natal, à la précarité, à l’ostracisme, à l’hostilité envers l’étranger…
L’exil est un des thèmes les plus anciens de l’humanité, cher aux poètes, aux auteurs dramatiques. Déjà les tragédies grecques s’en emparaient. Dans Les Suppliantes, Eschyle mettait en scène un chœur de femmes persécutées qui, fuyant les noces que l’on voulait leur imposer, vinrent demander asile et protection au roi d’Argos… Pour questionner la notion d’exil aujourd’hui, j’ai choisi de me pencher sur des textes d’Aiat Fayez, auteur de langue française, venant d’un pays d’Asie de l’Ouest dont il ne veut parler, et vivant maintenant, depuis plusieurs années, en Autriche. L’exil d’Aiat Fayez se poursuit à travers l’Europe où il va de pays en pays. S’il vit une grande partie du temps en Autriche, il n’en parle pas la langue et ne cherche pas à l’apprendre à dessein. Comme il le dit si bien : « L’exil est devenu mon mode d’être ».
J’ai rencontré Aiat Fayez à l’automne 2020 lorsque j’ai mené un stage avec des apprentis comédiens à l’ESCA (École Supérieure des Comédiens par l’Alternance au Studio d’Asnières) sur certaines de ses pièces : Angleterre, Angleterre et Le Monologue de l’exil, pièces éditées à l’Arche en 2016 et 2018. La force de son écriture et de son engagement ont suscité en moi un vif désir de continuer l’aventure sur un autre de ses textes car ils sont le reflet des tragédies de notre époque. Toute son œuvre, composée de romans et de pièces de théâtre, est en effet traversée par l’exil, hantée par la figure de l’étranger. Ecrivain sans frontière, il décrit avec un regard lucide et dans une langue sans concession une page de notre histoire contemporaine.
Christine Letailleur
DATES à venir :
Mise en scène Christine Letailleur
Texte Aiat Fayez
Avec Avec Marco Caraffa
Production Fabrik Théâtre
Compagnie conventionnée DRAC Ile FRANCE