« Après plusieurs adaptations dont Phèdre de Ritsos, Le Banquet de Platon, et Hinkemann d’Ernst Toller, j’ai choisi de revenir au XVIIIe siècle avec Choderlos de Laclos. J’avais déjà, en 2006, adapté et mis en scène La Philosophie dans le Boudoir de Sade.
Le XVIIIe siècle est un siècle que j’affectionne tout particulièrement et l’œuvre de Laclos me passionne en son entièreté : son esprit, son intelligence, sa fable, sa construction, son intrigue, ses personnages mais aussi sa langue, son style, son rythme narratif. D’autre part, la cérébralité du texte me plaît beaucoup. Chez le libertin, tout est dans l’art du langage ; Valmont et Merteuil se plaisent à se mettre en scène dans leurs récits, à se raconter leurs exploits, à s’écouter. Mises à part quelques scènes libertines, l’œuvre fait montre d’un érotisme de tête… Laclos a conçu un roman brillant et fort : il a fait de la séduction et de l’amour un champ de bataille. Le roman soulève encore, aujourd’hui, des questionnements sur le rapport amoureux ; au fond, ces personnages révèlent des dilemmes de l’amour qui sont encore les nôtres… Pour donner corps au duo Merteuil/Valmont – couple séducteur, libertin, manipulateur et luciférien qui n’a de cesse de fasciner – j’ai choisi Dominique Blanc et Vincent Pérez.
Pierre Choderlos de Laclos commence à rédiger vers 1778 un roman épistolaire qu’il publie en 1782, sous le titre Les Liaisons dangereuses. Le roman fait scandale puis tombe dans l’oubli. Il faudra attendre les années 1930 pour que Malraux et Gide le fassent redécouvrir. Aujourd’hui, l’ouvrage, qui retrace les manipulations et les perfidies de deux aristocrates libertins, est considéré comme une œuvre majeure de la littérature française. »
Christine Letailleur
…
A écouter.
MERTEUIL/VALMONT, UN COUPLE FASCINANT…
Rencontre organisée et modérée par Christiane Page (Professeur des universités en études théâtrales, Université de Rennes 2), durée 46min
en partenariat avec le TNB.
Ce spectacle a été créé au Théâtre National de Bretagne lors du Festival Mettre en Scène 2015, puis partit en tournée :
Le Quartz, Brest
La Coursive, La Rochelle
Le Parvis, Tarbes
Théâtre de Liège (Belgique)
Il fut repris en 2016 :
Théâtre national de Strasbourg
Théâtre de Sète
Le Mans, les Quinconces
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
L’Apostrophe, Cergy-Pontoise
Emilia Romagna Teatro Fondazione, Modène (Italie)
Théâtre de la Ville, Paris
Théâtre national de Nice
Théâtre de Cornouaille, Quimper
adaptation et mise en scène Christine Letailleur
Avec
Dominique Blanc
Vincent Perez
Fanny Blondeau
Stéphanie Cosserat
Julie Duchaussoy
Manuel Garcie-Kilian
Guy Prévost
Karen Rencurel
Richard Sammut
Véronique Willemaers
Assistante à la mise en scène Stéphanie Cosserat
Scénographie Emmanuel Clolus, Christine Letailleur
Lumières Philippe Berthomé, en collaboration avec Stéphane Colin
Costumes Thibaut Welchlin
Son Manu Léonard
Production déléguée Théâtre National de Bretagne/Rennes Coproduction Fabrik Théâtre – Compagnie Christine Letailleur ; Théâtre de la Ville/Paris ; Théâtre National de Strasbourg ; Prospero (Théâtre National de Bretagne/Rennes, Théâtre de Liège, Emilia Romagna Teatro Fondazione, Schaubühne am Lehniner Platz, Göteborgs Stadsteatern, Théâtre National de Croatie/World Theatre Festival Zagreb, Festival d’Athènes et d’Epidaure)
Cette adaptation a été publiée aux Solitaires Intempestifs en 2015
Les Liaisons dangereuses (adaptation C. Letailleur)
Pierre Choderlos de Laclos
Pour vous autres hommes, les défaites ne sont que des succès de moins ; vous pouvez resserrer ou rompre les liens de l’amour à votre guise ; votre seul malheur est de ne point gagner. Dans cette partie inégale, notre fortune, à nous femmes, est de ne pas perdre et, sans cesse, nous devons faire preuve de talent, de perspicacité, de ruse pour y arriver et surmonter bien des obstacles. – Madame de Merteuil
« Adapter, c’est travailler le texte au corps… Rencontrer un texte brut, sauvage, foisonnant, touffu, insolent, hors des sentiers battus, dont les mots sont sculptés dans une langue inimitable… Voyager en territoire inconnu, traverser des labyrinthes, se perdre dans les contrées fictives d’un auteur… S’immiscer, se mouvoir dans les méandres et les soubresauts d’une pensée… S’enivrer, s’étourdir dans des flots de mots jusqu’au vertige… de là, naît le désir d’adapter une œuvre pour la donner à entendre. » – Christine Letailleur