« Augmenter les désirs jusqu’à l’insoutenable tout en rendant leur réalisation de plus en plus inaccessible, tel est le principe unique sur lequel repose la société occidentale ».
in « La Possibilité d’une île » Houellebecq
Après un premier volet, Le Nouvel ordre socio-affectif selon Houellebecq, en 2005, j’ai souhaité continuer cette expérience jubilatoire dans les sous-sols de la Maison de la Poésie à Paris : un espace intime, proche des spectateurs, propice à l’aveu, à la confession : un espace qui pourrait être clandestin. Un lieu idéal pour un divertissement de la pensée. Parmi les différents sujets abordés dans les écrits de l’auteur (l’entreprise moderne, le progrès, le clonage, le tourisme de masse etc.), je me suis penchée sur une des thématiques majeure qui hante son oeuvre, à savoir les rapports amoureux de l’homme occidental. Plus précisément, l’indifférenciation des êtres et l’impossibilité d’amour aujourd’hui. Les textes témoignent de l’effritement, de l’effondrement des relations humaines et mettent en scène la misère affective et sexuelle de l’homme contemporain ; il croupit dans sa solitude, crève par manque d’amour, la chair est refoulée : « l’idée me vint peu à peu que tous ces gens – homme ou femme – n’étaient pas le moins du monde dérangés ; il manquaient simplement d’amour. Leurs gestes, leurs attitudes, leurs mimiques trahissaient une soif déchirante de contacts physiques et de caresses ; mais naturellement, cela n’était pas possible. Alors ils gémissaient, ils poussaient des cris, ils se déchiraient avec leurs ongles… » Ces textes montrent que la sexualité suit la même logique que le libéralisme – individualisme, compétitivité, narcissisme – et que les valeurs comme la bonté, le don de soi sont évacués. Par ce montage, j’ai voulu mêler passé et présent, la nostalgie des désirs perdus et le monde d’aujourd’hui, celui du sans amour.
L’acteur nous fera ressentir l’humour, la désinvolture, l’énervement de l’écrivain face au désenchantement du monde.
Christine Letailleur
Le spectacle a été créé du 3 mars au 10 avril 2005 à la Maison de la Poésie à Paris et y a été repris du 11 janvier au 19 février 2006.
conception et mise en scène Christine Letailleur
avec
Guy Prévost
assistante à la mise en scène Stéphanie Cosserat
Production Fabrik Théâtre – avec le soutien d’Arcadi (Action régionale pour la création artistique et la diffusion en Île-de-France.)