« Car très sûrement je recommencerai tout ce qu’on m’aura brûlé ».
Sade, de Vincennes le 20 novembre 1782.
Littéraire et politique, mais aussi libertine, au sens noble du terme, La Philosophie dans le boudoir du Marquis Donatien Alphonse François de Sade est composée de sept dialogues d’une liberté totale de langage dont un long pamphlet révolutionnaire. Sous-titrée, à bon escient, ou Les Instituteurs immoraux, cette œuvre publiée en 1795, sous le manteau, est un traité d’éducation érotique pour jeune fille. Madame de Saint Ange propose à son frère, le Chevalier de Mirvel, qui aime autant qu’elle les plaisirs de la chair, de participer, en sa compagnie et celle de Dolmancé, un libertin des plus corrompus, à l’éducation d’une jeune ingénue, Eugénie de Mistival. Viendra se joindre à ces réjouissances, Augustin, un jardinier rustaud et monté d’une manière prodigieuse. En quelques heures, la belle Eugénie est donc initiée aux techniques du plaisir et aux principes du libertinage. Elle se révèlera une élève docile, d’une surprenante curiosité pour les délices de la chair. Christine Letailleur qui aime se frotter aux œuvre fortes et sulfureuses comme Pasteur Ephraïm Magnus de l’auteur allemand Hans Henny Jahnn, récidive avec cette œuvre littéraire et politique de haute volée que l’on ne saurait trop redécouvrir tant elle recèle de joyaux pour l’esprit.
Le spectacle a été créé au Théâtre National de Bretagne en 2007, repris la saison suivante au Théâtre National de Bretagne, à la Comédie de Caen, au Théâtre National de Strasbourg, au Théâtre Granit de Belfort, au Théâtre des Salins, Scène Nationale de Martigues, à la Scène Nationale d’Orléans et à la MC2 de Grenoble.
adaptation, mise en scène Christine Letailleur
avec
Philippe Cherdel
Charline Grand
Valérie Lang
Stanislas Nordey
Bruno Pesanti
Guy Prévost
Stéphanie Cosserat
assistante à la mise en scène Stéphanie Cosserat
création lumière Sébastien Michaud assisté de Eric Corlay
scénographie Christine Letailleur et Sébastien Michaud
création son Manu Léonard
production Théâtre National de Bretagne – Rennes, Centre Dramatique National de Normandie – Comédie de Caen, Fabrik Théâtre, compagnie soutenue par la DRAC Ile-de-France
Cette adaptation a été publiée aux Solitaires Intempestifs en 2007
La philosophie dans le boudoir (adaptation C. Letailleur)
Christine Letailleur, D.A.F. Sade
« L’imagination ne nous sert que quand notre esprit est absolument dégagé de préjugés : un seul suffit à la refroidir… Ce qu’il y a de plus sale, de plus infâme et de plus défendu est ce qui irrite le mieux la tête… c’est toujours ce qui nous fait le plus délicieusement décharger. » D.A.F Sade
« Adapter, c’est travailler le texte au corps… Rencontrer un texte brut, sauvage, foisonnant, touffu, insolent, hors des sentiers battus, dont les mots sont sculptés dans une langue inimitable… Voyager en territoire inconnu, traverser des labyrinthes, se perdre dans les contrées fictives d’un auteur… S’immiscer, se mouvoir dans les méandres et les soubresauts d’une pensée… S’enivrer, s’étourdir dans des flots de mots jusqu’au vertige… de là, naît le désir d’adapter une œuvre pour la donner à entendre. Je pense à Jahnn, à Sade, à leur démesure, à leur rage d’écriture, à leurs textes-fleuve. Aussi, le passage à la scène nécessite une relecture ainsi qu’un travail de coupe; les lois qui régissent le plateau et la représentation sont autres que celles qui président à la lecture personnelle, seul, le livre en main. » Christine Letailleur
Extrait de presse :
En adaptant le texte de Sade pour le théâtre, Christine Letailleur n’oublie jamais l’enjeu de la langue qui forme l’essence des dialogues et se partage entre pamphlets politiques (dont le fameux Français, encore un effort si vous voulez être républicains) et langage de l’obscénité. Fabienne Arvers, Les Inrockuptibles, 6 février 2007