« A chaque phrase, j’ai les plus grandes hésitations car je me demande si elle est juste au point de vue du rythme et du contenu. Certaines phrases m’ont poussé au bord du suicide. »
Hans Henny Jahnn.
Quand Jahnn écrit sa Médée en 1925, la question raciale est très présente dans l’actualité politique et l’idéologie régnante : Hitler a déjà écrit Mein Kampf ; Alfred Rosenberg, futur théoricien du parti nazi, déplore que « la France soit souillée par les noirs et les juifs ». Jahnn fait de sa Médée un africaine et de ses fils des métis, méprisés par les blancs civilisés. Jahnn, poète révolté, s’est insurgé contre toutes les formes d’injustice et d’oppression. Il prônait, entre autre, le métissage des races. Aujourd’hui la question raciale a laissé à la xénophobie, plus ordinaire, plus insidieuse. Pour moi, Médée est la figure de l’étrangère, pas seulement d’Afrique, mais de tous les pays.
La poésie de Jahnn nous emmène aussi loin que celle de Bataille ; son univers est d’une sensualité profonde. Toute son œuvre est hantée par ses propres obsessions : la décomposition de la chair, la sexualité, la mort…
C’est à Huguette et René Radrizzani que l’on doit la découverte de l’œuvre de Jahnn dont la traduction a nécessité près de dix ans de travail.
Christine Letailleur
Le spectacle a été créé du 13 mars au 8 avril 2001 au Théâtre Gérard Phillipe de Saint-Denis.
mise en scène et scénographie Christine Letailleur
avec
Sylvian Bruchon
Toussaint Carlien
Philippe Cherdel
Maurice Choukroun
Julie Cortella
Ludovic Pouzerate
Emmanuelle Rigaud
Yves Ruellan
Elisabetta Vaccarri
Sophie Maillard
assistante à la mise en scène Katia Aatz-Hernandez
création lumière Cécile Desmeures
régie Benjamin Karamehmedovic
Création Fabrik Théâtre – Production Théâtre Gérard Phillipe
Le texte est édité aux Editions José Corti